L’avènement du rôle autonome de l’infirmier émergé avec l’évolution de la profession infirmière au cours du temps, exige de la part de l’infirmier une démarche méthodique permettant de considérer la personne dans sa globalité en tant qu’être bio-psycho-socio-spirituel, et d’accompagner cet être pour lui proposer une aide personnalisée et professionnelle en vue de conserver ou de retrouver la santé dans toutes ces dimensions. En effet, le rôle propre infirmier recouvre communément les actes de soins infirmiers qu’un infirmier peut mettre en œuvre de façon autonome dans le cadre de son activité professionnelle afin de satisfaire les besoins de ses patients. Certes, il s’observe une léthargie inquiétante et dévalorisante de la part de l’infirmier clinicien dans les hôpitaux de la RDC. Les infirmiers attendent souvent le tour de salle médical. « J’attends le tour de salle médical » disent-ils, alors que ce dernier devrait être considéré comme un complément à son travail, pour agir et affirmer son autonomie professionnelle. Pourtant, le tour de salle médical n’est actuellement, ni collaboratif ni pluridisciplinaire, ne permettant pas à l’infirmier de recueillir les informations dont il a besoin pour élaborer une démarche de soins infirmiers censée valoriser sa profession. Les apprenants en stage sont aussi victimes de cette léthargie. Ils ont développé d’autres mécanismes justifiant qu’il n’y a rien à faire tant que le tour de salle médical n’a pas encore eu lieu. Ils se contentent de manipuler leurs téléphones ou de se promener dans différents couloirs des hôpitaux, manquant à faire. Aussi, l’infirmier se tient de plus en plus à distance en ce qui concerne l’évaluation réelle de l’état de santé d’un patient. Sa présence au chevet du patient n’est observée que lorsqu’il administre les soins, et peu lorsqu’il prélève les signes vitaux ou sur appel du malade. De ce fait, la démarche de soins infirmiers étant l’outil de l’autonomie professionnelle, souffre d’application dans plusieurs structures de soins. Sa non-application résulte en grande partie de la difficulté de collecter les données auprès des patients hospitalisés selon un procédé logique accepté et appliqué par tous, le « Tour de Salle Infirmier », TSI en sigle. Par conséquence, il est nécessaire de mettre en place un « Tour de Salle Infirmier », comme étant un acte autonome de routine de soins infirmiers permettant à l’infirmier de recueillir les données au chevet des malades hospitalisés en vue de réaliser la démarche de soins infirmiers. Quid des fondements historique et théorique du TSI ? Il faut remonter au 18eme siècle pour trouver les traces du TSI avec la pionnière de soins infirmiers modernes, Florence NIGHTINGALE. En effet, lors de la guerre de Crimée, Florence N. parcourait des chambres de blessés avec sa lampe non seulement pour soigner, mais surtout pour collecter les données auprès des malades afin de planifier les soins infirmiers à administrer. Dans la poursuite de l’œuvre de Florence Nightingale, dès le début du XXe siècle, de nombreuses théories de soins infirmiers sont publiées par des théoriciennes en soins infirmiers, et ont permis d’affiner encore davantage un rôle infirmier dévolu à l’accompagnement quotidien des personnes. Le TSI est fondé entre autres, sur la théorie de l’interaction des soins infirmiers (d’HILDEGARDE PEPLAU). Selon cette théorie, le soin étant une action humanitaire et non mécanique, l’infirmier doit posséder les connaissances systématiques afin d’évaluer les besoins d’aide de la personne, de poser un diagnostic infirmier et de planifier une intervention. Dans sa théorie, Peplau souligne l’importance pour l’infirmière de « s’asseoir au chevet des patients afin d’observer, de chercher à connaitre comment le patient voit sa situation afin de mieux l’aider. » Peplau décrit aussi les soins infirmiers comme un processus interpersonnel thérapeutique. Il s’agit d’une relation humaine entre une personne malade ou ayant un besoin d’aide et une infirmière formée de façon adéquate afin de reconnaitre son besoin d’aide et d’y répondre. Cette théorie centrée sur les relations interpersonnelles exige de l’infirmier une grande maturité, de la lucidité et une capacité d’analyse et d’auto-analyse pour que les soins soient réellement un processus éducatif qui permet le développement et la croissance du patient. Aussi, elle permet à l’infirmier de jouer pleinement le rôle de personne ressource, de conseiller, d’enseignant et le rôle d’expert technique. De la définition, du but et de la place du TSI dans la démarche de soins infirmiers ? Le TSI est considéré comme un moyen systématiquement réfléchi pour recueillir les données auprès des patients hospitalisés en vue de réaliser la démarche de soins infirmiers. Dans cette optique, le TSI se veut un moment de collecte de données relatives à un patient en vue de planifier les soins infirmiers et d’en assurer l’évaluation. Le but poursuivi est d’offrir les soins humanisés qui satisfont les besoins réels des patients hospitalisés, à travers une démarche de soins infirmiers, afin d’améliorer la qualité de soins et services. Par ailleurs, le TSI occupe une place importante dans la démarche de soins infirmiers autrement appelé processus nursing. Ce processus désigne l’ensemble des étapes que l’infirmier doit franchir pour apporter la solution à un problème des soins, dans le but d’assurer le mieux-être du client en lui offrant les soins individualisés. Beaucoup d’auteurs en soins infirmiers ont décrit une approche d’intervention subdivisé en 5 étapes, qui doit guider la pratique de l’infirmier. Notamment la collecte des données, l’analyse et interprétation des données, la planification des soins, l’exécution des interventions et l’évaluation des résultats obtenus. C’est dans ce cadre que s’insère le diagnostic infirmier formulé à partir des données et servant de base à la planification des soins infirmiers. Ce processus continue et cyclique, met en lumière la contribution de l’infirmier aux soins préventifs et curatifs en favorisant les interventions autonomes, et est un instrument pour l’évaluation de la qualité des soins et de la charge du travail. Dans cette optique, le TSI trouve sa place à la première étape du processus nursing permettant le recueil des données. Ainsi l’infirmier doit parcourir les différentes chambres pour recueillir les données actuelles auprès des patients hospitalisés en vue de poursuivre les autres étapes de la Démarche de soins infirmiers. De la méthodologie d’un TSI ? Le TSI doit se faire dans un service ou une unité de soins, en observant,