La protection du « Titre d’Infirmier » à travers un mécanisme de réglementation obligatoire assure à la population les soins et services de santé de qualité offerts par un personnel infirmier qualifié et compétent. Le Conseil international des infirmières (CII) est le garant de la protection du « titre d’infirmier » sur le plan international. Dans sa prise de position, il invite tous les pays du monde à mettre en place un système de règlementation obligatoire en vue de protéger le titre d’infirmier. « Le titre d’infirmière doit être protégé par la loi. Il ne devrait être appliqué et utilisé que par les personnes légalement autorisées à se présenter en tant qu’infirmières et à prodiguer des soins infirmiers. » insiste-t-il. Le CII renseigne par ailleurs que le fait de réserver le « titre d’infirmière » aux personnes remplissant les critères légaux renforce les protections publiques en permettant au public de faire une distinction entre les infirmières légalement qualifiées et les autres fournisseurs de soins infirmiers. Il revient donc, au public en général et à tout employeur, de se rassurer que l’infirmier auquel ils font recours pour recevoir les soins de santé, est un infirmier compètent et légalement autorisé à exercer la profession infirmière en RDC. Car n’importe qui peut se présenter en qualité d’infirmier, et prétendre prodiguer les soins infirmiers. Dans cette optique, l’objectif de la restriction de l’utilisation du « titre d’infirmière » est de protéger le public des actes de personnes non autorisées à pratiquer en tant qu’infirmières et prétendant prodiguer des services de santé qui sont l’apanage des infirmières. Les personnes qui usent de manière légitime le « titre d’infirmière » sont responsables, à titre individuel, de leurs compétences et de leurs actes. Elles doivent respecter les codes professionnels de pratique, les codes déontologiques et de conduite, outre les normes, lois et règlements qui orientent la pratique infirmière. Tandis que sans protection formelle de ce titre, n’importe quelle personne ne détenant pas les qualifications exigées ou ne faisant pas la preuve de la compétence nécessaire, peut se présenter en tant qu’infirmière et exercer dangereusement la profession infirmière. En République Démocratique du Congo, plusieurs personnes se font appeler infirmier, et exercent la profession infirmière sans en avoir ni qualifications, ni compétences, et sans être autorisées par la loi. Certains employeurs et la population ne s’empêchent de recourir aux services d’un infirmier non-autorisé d’exercer la profession infirmière. Cette situation est à la base des pratiques dangereuses occasionnant des intoxications médicamenteuses, des handicaps physiques et d’euthanasies involontaires dont sont coupables des charlatans usurpant le « titre d’infirmier », surtout dans les milieux rural et semi-urbain. La protection du « titre d’infirmier » en RDC est l’apanage du Conseil national de l’Ordre des infirmiers, au regard de la loi no16/015 du 15 juillet 2016 portant création, organisation et fonctionnement de l’ordre national des infirmiers. Cette loi réserve l’exercice de la profession infirmière aux celles infirmières et infirmiers inscrits au tableau de l’ordre. « Nul ne peut exercer la profession infirmière s’il n’est inscrit au tableau de l’ordre », précise-t-elle à son article cinq. L’utilisation du personnel infirmier par un employeur, tant du secteur public que privé, est également astreinte à son inscription au tableau de l’ordre des infirmiers comme le stipule l’arrêté du ministre de la santé publique en la matière. Malheureusement, l’Administration publique respecte de moins en moins ces dispositions de la loi sus évoquée et de l’arrêté ministériel sur l’utilisation du personnel infirmier. Et le secteur privé ne fait pas exception. Certaines structures de soins de santé en RDC, publique ou privée, continuent d’utiliser des personnes non-qualifiées et non-autorisées d’exercer la profession infirmière, portant abusivement le « titre d’infirmier », au mépris des dispositions de la loi sus évoquée. Toutefois, l’Ordre entant que personne morale peut ester en justice toute personne usurpant le « titre d’infirmier », et tout employeur recourant aux services d’un infirmier non-autorisé à exercer la profession infirmière. L’Ordre devra également s’impliquer sur l’élaboration des programmes de formation et d’évaluation des infirmiers, et organiser des formations continues obligatoires pour maintenir et actualiser les compétences des infirmières et infirmiers autorisés. A ce sujet, il doit conclure des partenariats avec les ministères chargés d’organisations de la formation des infirmiers d’une part, et avec les écoles de formation des infirmiers, d’autre part. Il revient également à chaque infirmier et infirmière, comme le prévoit les articles 59 et 60 du code de déontologie de la profession infirmière en RDC, de ne pas autoriser une personne non inscrite au tableau de l’Ordre à exercer une activité réservée aux infirmiers, ni de l’aider ou l’inciter à le faire. De plus, il ne doit pas l’autoriser d’utiliser le « titre d’infirmier. » Au contraire, l’infirmier a l’obligation de dénoncer auprès du Conseil de l’Ordre de sa juridiction, toute personne qui se livre à l’exercice illégal de la profession infirmière. Notons enfin que, l’utilisation illégale du « titre d’infirmière » doit être sanctionnée par des actions civiles, pénales ou administratives contre les personnes qui s’en rendent responsables et celles qui les y auront aidées. HDM